OUEST FRANCE : RETOUR ACCÉLÉRÉ DE BRUGES

ATTENTAS à BRUXELLES. RETOUR ACCÉLÉRÉ DES COLLÉGIENS DE PLOUZANE

Des élèves de Kerallan étaient à Bruges. Suite aux attentats de Bruxelles, ils sont en cours de rapatriement. Neuf avaient décliné le voyage pour des raisons de terrorisme.

À peine arrivés à Bruges, déjà repartis… Pour la quarantaine de collégiens de 5e B et 5e D de Kerallan, dont c’est parfois le premier grand voyage en dehors du cadre familial, la déception est au rendez-vous. La fatigue aussi. Douze heures de car, lundi. Et autant, ce mardi, pour le chemin du retour. « Dans les SMS de ma fille, je la sens dépitée », reconnaît Magali, maman d’Alix.

« On ne pouvait pas prévoir. Il vaut mieux être prudent », relativise Sandrine, mère de Katell. Les parents sont soulagés. Les enfants sont sains et saufs, et c’est le plus important. Même si Bruges n’est pas Bruxelles, et que la ville n’a pas été concernée par des attentats.

Précaution Le rectorat a pris rapidement la décision du rapatriement. « Nous avons été informés de leur retour avant 10 h, explique Alain Bouchez, le principal. Les parents ont été prévenus par téléphone. » Il rappelle que « c’est un principe de précaution ».

La prison de Bruges héberge depuis quelques jours Salah Abdelslam, terroriste présumé. Mais la ville est surtout un haut lieu touristique, à l’ouest de la Belgique, distante de 100 km de Bruxelles. Avec ses canaux, elle est surnommée la Venise du Nord. Une ville « historique » avec ses musées et ses peintres. Son centre est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Depuis plusieurs années, au collège de Kerallan, deux classes de 5e s’y rendent tous les deux ans, durant une semaine, dans le cadre des IDD (Itinéraires des découvertes). Un important travail est réalisé dans le cadre des cours de français et d’histoire. Cette année, c’était le dernier séjour du genre. Avec la réforme des collèges, il n’y a plus de budget.

Un pays inquiétant Cette année n’était décidément pas comme les autres. En décembre, déjà, à la suite des attentats du 13 novembre à Paris, des parents se sont inquiétés du séjour scolaire en Belgique. « Ce pays apparaissait comme un « nid à terroristes ». Pour moi, il était impensable d’y envoyer des enfants », indique Delphine, mère d’une élève. « Ces inquiétudes ont été relayées à notre niveau », précise Pascal Moullec, président de l’association des parents d’élèves. Une réunion a été organisée par le collège en décembre. « Les parents ont pu débattre. »

Certains ont exprimé leurs craintes. Ils ont demandé des « mesures de sécurité supplémentaires », avec notamment un encadrement accru. Ce qui n’a pas été possible. Les autres ont mis en avant la « nécessité de ne pas céder à la peur et de continuer à vivre, sinon on ne fait plus rien », comme l’exprime Alain, père de Jonathan.

OUEST FRANCE 2016 03 22

Finalement, l’établissement a laissé le choix aux parents. Neuf familles ont décidé que leur enfant ne participerait pas au voyage. À partir de dix, le voyage était annulé… Leur désistement a entraîné un léger surcoût, comblé par la vente de crêpes. Les élèves restants ont bénéficié de cours cette semaine.

Une deuxième réunion, sur les détails techniques du séjour a eu lieu le 17 mars, quelques jours avant le départ. Déjà, une opération antiterroriste en lien avec les attentats de Paris était en cours à Bruxelles. « Pourtant, lors de la réunion, il n’en a pas été question », regrette Peggy, mère de Maëlle.

En décembre dernier, à Brest, le lycée Ronarc’h devait accueillir des élèves espagnols mais ils ont annulé leur déplacement à la suite des attentats de Paris, pourtant éloignée de Brest…

La semaine prochaine, deux classes du collège de Kerzouar à Saint-Renan prévoyaient de se rendre à Bruges. Même annulation.